Nine One : où la gastronomie indienne se décline sans curry

11 Juin 2024


Par Aude Camus
 
La première fois que j’ai entendu parler de la chef Samaira Kavatkar, plus connue sur Instagram sous le nom de The Bombay East Indian Girl, c’était à travers le chef Guillaume Galliot et sa femme, Juliana. Sacrée carte de visite ! Autant vous dire que quand le chef d’un restaurant triplement étoilé vous recommande une adresse, vous avez envie de tester. Mais Samaira opérait à l’époque en tant que chef privée, et l’occasion de goûter sa cuisine ne s’était donc pas présentée.
 
Jusqu’à la semaine dernière, lorsque j’ai été invitée à découvrir son tout premier restaurant qui vient d’ouvrir ses portes à Tsim Sha Tsui East. La chef a en effet posé ses bagages entre les murs de Nine One, ainsi nommé en référence à l’indicatif téléphonique pour l’Inde. Ici, elle propose des recettes tirées de son enfance qui viennent mettre à mal les clichés sur la gastronomie de son pays natal. En d’autres termes, si vous voulez manger du curry et des naans, ce n’est pas le bon endroit.
 

Ayant grandi à Bombay (aujourd’hui Mumbai) dans une famille aux racines indo-portugaises (d’où son surnom Instagram qui fait référence à cette communauté), Samaira a grandi dans les effluves de recettes se transmettant de génération en génération. Si elle a toujours rêvé d’ouvrir un restaurant, elle s’est d’abord lancée dans une carrière en entreprise qui l’a menée aux quatre coins de la planète avant de finalement poursuivre sa passion. Passion qu’elle a d’abord assouvie en tant que chef privée à Hong Kong, puis en participant à des événements aux côtés de Tatler Dining Kitchen et Test Kitchen notamment. Tout cela l’a menée là où elle est aujourd’hui, derrière les fourneaux de son propre restaurant.
 
Sa cuisine reflète ses racines, le tout agrémenté d’une touche de créativité. Son objectif est simple : montrer que la cuisine indienne est aussi diverse que vibrante et qu’elle va bien au-delà des quelques spécialités auxquelles elle est souvent réduite. Le résultat est donc un menu aussi excitant que déroutant pour les novices, comme moi, qui se voient servir des plats qu’ils n’ont probablement jamais testés auparavant. Et pourtant, si les noms et les descriptions peuvent vous sembler inconnus, les saveurs, elles, titilleront quelque chose de familier.
 
Il est aussi important de noter qu’ici tout est fait maison (sauf la sauce soja), même les mélanges d’épices. Certains des ingrédients viennent même de la ferme familiale. On sent vraiment que Samaira s’investit cœur et âme dans son projet.
 

Si vous avez eu la chance de tester sa cuisine auparavant, lors d’un pop-up ou d’un événement privé, vous reconnaîtrez quelques plats signatures comme le East Indian lamb potato chop with green pea chutney and kachumber. J’ai beaucoup aimé cette galette de pommes de terre croustillantes, garnie d’une farce juteuse à l’agneau.
 

Pour moi, l’un des plats marquants du menu est le Not Curry, au nom très évocateur. Il s’agit en fait d’un ragoût d’agneau, dont l’apparence m’a rappelé celle du pot-au-feu. Ce plat a d’ailleurs le même potentiel réconfortant, et les saveurs vous rappelleront celles du curry, bien que le plat n’en soit pas un.
 

Et puis j’ai adoré le Gucchi Khichdi, une sorte de risotto (bien que la chef n’aimerait probablement pas que j’utilise ce terme) aux morilles (Gucchi mushrooms) dont le riz est parfumé avec une sauce aux épices indiennes.
 
Pour la touche sucrée, deux desserts très rafraîchissants vous sont proposés. L’un, l’Aamrakhan, est à base de mangue fraîche. L’autre, le Rabdi, est une sorte de yaourt assez riche servi sur des morceaux de melon indien infusés au safran.
 
Quant au lieu, il est en phase avec le menu et ne ressemble pas à ce que l’on pourrait s’attendre à trouver en allant dîner dans un restaurant indien. L’espace est accueillant, plutôt moderne, et c’est un bar largement ouvert sur la rue qui vous accueille avant qu’un mur de frigos à vin ne vous dirige jusqu’à votre table.
 
Le verdict ? Attendez-vous à être surpris. Les créations et la vision de la chef ne laissent pas indifférent.



Nine One
https://nineonehk.com/ 
G80-85, G/F, Tsim Sha Tsui centre, 66 Mody Road
 
 
 

Cet article s’appuie sur un dîner pour deux offert par Nine One. Il n’a pas donné lieu à une rémunération financière ni à une obligation de publication. L’avis exprimé ici est 100% celui de l’auteur.
 
 

 






 

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