par Aude Camus
La semaine dernière j’assistais au lancement à Hong Kong de la maison de maquillage La Bouche Rouge. Une maison imaginée par un homme pas tout à fait comme les autres : une passion pour le maquillage construite au fil d’années d’expériences dans la cosmétique de luxe, une vraie conscience écoresponsable, une envie de donner du sens à sa vie professionnelle … Nicolas Gerlier ressemble à beaucoup de gens de sa génération mais lui cette idée qui lui trottait dans la tête il y a crue et il l’a lancée.
La semaine dernière j’assistais au lancement à Hong Kong de la maison de maquillage La Bouche Rouge. Une maison imaginée par un homme pas tout à fait comme les autres : une passion pour le maquillage construite au fil d’années d’expériences dans la cosmétique de luxe, une vraie conscience écoresponsable, une envie de donner du sens à sa vie professionnelle … Nicolas Gerlier ressemble à beaucoup de gens de sa génération mais lui cette idée qui lui trottait dans la tête il y a crue et il l’a lancée.
Bonjour Nicolas. Merci de me rencontrer ! Pour commencer, un homme qui lance une maison de maquillage … pourquoi ?
Par mon parcours. Mon profil de départ n’est pas du tout celui d’un marketer puisque j’ai commencé chez Sotheby’s après un double-cursus Finance et Art. Mais j’ai vite tourné en rond et j’ai voulu faire autre chose. C’est là que je suis entré chez L’Oréal. Ils m’ont mis au maquillage, pour un homme ce n’est pas facile au départ. Je n’y connaissais absolument rien, je pense que c’était un peu aussi leur façon de me tester. Je me suis donc retrouvé là par hasard mais j’ai trouvé ça passionnant et très rapidement j’y ai pris goût. Le maquillage c’est une synthèse entre le design, la formule, la recherche …
Je me suis aussi intéressé aux origines du maquillage, à l’objet. Je trouve ça fou qu’aujourd’hui on soit toujours dans une logique de mass market. Je voulais revenir aux fondamentaux, réintroduire la main de l’artisan, retrouver une signature qui ne soit pas uniquement liée au nom de la marque ou à la puissance d’une campagne médias. C’est une idée qui me trottait dans la tête depuis des années.
Et à quel moment est apparue la donnée écoresponsable ?
Tout ça découle d’une assez longue réflexion. J’ai passé pas mal d’années chez L’Oréal, je suis passée par pas mal de belles marques de luxe mais au bout d’un moment je ne trouvais plus vraiment de sens dans mon métier, j’avais besoin de trouver un moyen de me réaligner. J’avais depuis longtemps cette idée de maison de maquillage, c’était vraiment ça mon idée première
J’ai évolué, le monde dans lequel nous vivons a évolué et donc forcément petit à petit s’est fait cette prise de conscience.
En 2015, il y a une information qui m’a beaucoup choqué. Une info qui n’a pas du tout été largement diffusée, voir même un peu dissimulée. Pendant longtemps les pays occidentaux ont peu parlé de l’impact du plastique parce qu’ils envoyaient leurs déchets plastiques en Chine jusqu’au jour où la Chine a refusé de continuer à accepter ces déchets. Et je me suis dit « c’est fou, je travaille dans une industrie qui ne produit quasi que du plastique et il n’y a aucune prise de conscience autour de moi, tout le monde s’en fout ». Saviez-vous que chaque année c’est 1 milliard de rouges à lèvres qui sont jetés ?
Ce projet-là, j’ai d’abord eu envie de le faire chez L’Oréal mais il n’y avait pas la place. Je me suis dit « si personne ne le fait je vais le faire tout seul ».
A notre manière, même si on est une petite maison, on participe. C’est la force de notre génération, nous avons le pouvoir de faire quelque chose qui a un impact. C’est aussi le sens de La Bouche Rouge, montrer qu’on peut réussir parce qu’on partage et qu’il n’est pas nécessaire d’attendre de réussir pour partager.
On a essayé de placer les valeurs avant le reste et on se rend compte que finalement c’est ce qu’il faut faire puisqu’un an et demi après le lancement de la maison on est déjà à Hong Kong, on prépare le lancement en Corée, au Japon. On ne teste pas sur les animaux et donc on a refusé d’aller en Chine
Je ne me voyais pas créer un énième produit, une énième marque sans placer l’écoresponsabilité et l’économie positive au cœur du projet. On n’en peut plus d’entendre de la beauté, de la beauté, juste de la beauté. Pour moi il ne s’agissait pas juste de se démarquer mais vraiment d’avoir une démarche qui ait du sens. L’engagement était nécessaire.
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Pourquoi un rouge à lèvres plutôt qu’un autre objet de maquillage ?
Par mon parcours. Mon profil de départ n’est pas du tout celui d’un marketer puisque j’ai commencé chez Sotheby’s après un double-cursus Finance et Art. Mais j’ai vite tourné en rond et j’ai voulu faire autre chose. C’est là que je suis entré chez L’Oréal. Ils m’ont mis au maquillage, pour un homme ce n’est pas facile au départ. Je n’y connaissais absolument rien, je pense que c’était un peu aussi leur façon de me tester. Je me suis donc retrouvé là par hasard mais j’ai trouvé ça passionnant et très rapidement j’y ai pris goût. Le maquillage c’est une synthèse entre le design, la formule, la recherche …
Je me suis aussi intéressé aux origines du maquillage, à l’objet. Je trouve ça fou qu’aujourd’hui on soit toujours dans une logique de mass market. Je voulais revenir aux fondamentaux, réintroduire la main de l’artisan, retrouver une signature qui ne soit pas uniquement liée au nom de la marque ou à la puissance d’une campagne médias. C’est une idée qui me trottait dans la tête depuis des années.
Et à quel moment est apparue la donnée écoresponsable ?
Tout ça découle d’une assez longue réflexion. J’ai passé pas mal d’années chez L’Oréal, je suis passée par pas mal de belles marques de luxe mais au bout d’un moment je ne trouvais plus vraiment de sens dans mon métier, j’avais besoin de trouver un moyen de me réaligner. J’avais depuis longtemps cette idée de maison de maquillage, c’était vraiment ça mon idée première
J’ai évolué, le monde dans lequel nous vivons a évolué et donc forcément petit à petit s’est fait cette prise de conscience.
En 2015, il y a une information qui m’a beaucoup choqué. Une info qui n’a pas du tout été largement diffusée, voir même un peu dissimulée. Pendant longtemps les pays occidentaux ont peu parlé de l’impact du plastique parce qu’ils envoyaient leurs déchets plastiques en Chine jusqu’au jour où la Chine a refusé de continuer à accepter ces déchets. Et je me suis dit « c’est fou, je travaille dans une industrie qui ne produit quasi que du plastique et il n’y a aucune prise de conscience autour de moi, tout le monde s’en fout ». Saviez-vous que chaque année c’est 1 milliard de rouges à lèvres qui sont jetés ?
Ce projet-là, j’ai d’abord eu envie de le faire chez L’Oréal mais il n’y avait pas la place. Je me suis dit « si personne ne le fait je vais le faire tout seul ».
A notre manière, même si on est une petite maison, on participe. C’est la force de notre génération, nous avons le pouvoir de faire quelque chose qui a un impact. C’est aussi le sens de La Bouche Rouge, montrer qu’on peut réussir parce qu’on partage et qu’il n’est pas nécessaire d’attendre de réussir pour partager.
On a essayé de placer les valeurs avant le reste et on se rend compte que finalement c’est ce qu’il faut faire puisqu’un an et demi après le lancement de la maison on est déjà à Hong Kong, on prépare le lancement en Corée, au Japon. On ne teste pas sur les animaux et donc on a refusé d’aller en Chine
Je ne me voyais pas créer un énième produit, une énième marque sans placer l’écoresponsabilité et l’économie positive au cœur du projet. On n’en peut plus d’entendre de la beauté, de la beauté, juste de la beauté. Pour moi il ne s’agissait pas juste de se démarquer mais vraiment d’avoir une démarche qui ait du sens. L’engagement était nécessaire.
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Pourquoi un rouge à lèvres plutôt qu’un autre objet de maquillage ?
Pour le symbole. Le rouge à lèvres c’est un accessoire, un objet, c’est quelque chose qui se porte, qui se montre. Et du coup en le montrant on soutient la démarche. C’est un objet que, selon moi, il faisait sens de mettre en avant. Je voulais que ce rouge à lèvres soit le manifeste d’une nouvelle ère de la beauté. Que les femmes soient fières de le porter.
Après c’est aussi une vraie contrainte de lancer un rouge à lèvres avec toute la démarche écoresponsable et économie positive que j’avais en tête. La formule par exemple … trouver le bon laboratoire n’a pas été si facile. J’ai eu la chance de gagner le prix de la Cosmétique Valley en France et donc d’être épaulé par les plus grands chercheurs. Heureusement que j’ai gagné ce concours ! Cette formule c’est notre signature. Il nous fallait la plus belle des formules, la plus pure, sans allergènes, sans perturbateurs endocriniens, sans parfum, sans conservateurs, sans micro plastiques (que l’on trouve dans tous les rouges à lèvres de luxe) … Le rouge à lèvres c’est tout de même le seul produit de maquillage que l’on mange … il se met sur les lèvres donc il devrait être comestible vous ne croyez pas ? « So pure you can eat it » c’est notre devise. Le marketing c’est bien mais moi j’investis avant tout sur la recherche.
Attention, on ne fait pas de l’écoresponsable pour faire de l’écoresponsable. Il faut créer du désir aussi. C’est aussi là qu’est notre challenge.
Aujourd’hui quand tu présentes La Bouche Rouge c’est d’abord le luxe ou l’écoresponsabilité qui est au cœur du discours ?
Déjà, je parle de la Bouche Rouge comme une maison et non comme une marque. Une maison a un savoir-faire propre or il n’y a jamais eu jusqu’ici de maison de maquillage. Nous sommes la première au monde, j’aime l’idée de dire que c’est une maison Française qui invente la beauté de demain riche de tout le patrimoine culturel de la France. J’ai voulu utiliser ce patrimoine, travailler avec des artisans. C’est aussi ça qui fait le chic et le charme du luxe Français et je pense que c’est comme ça qu’on établit une marque et une maison sur le long terme : en étant fier de ses racines.
L’identité Française de la marque est donc claire et importante ?
Oui. C’est la première maison de maquillage Française.
La suite c’est quoi ? Le développement d’autres objets ?
Après c’est aussi une vraie contrainte de lancer un rouge à lèvres avec toute la démarche écoresponsable et économie positive que j’avais en tête. La formule par exemple … trouver le bon laboratoire n’a pas été si facile. J’ai eu la chance de gagner le prix de la Cosmétique Valley en France et donc d’être épaulé par les plus grands chercheurs. Heureusement que j’ai gagné ce concours ! Cette formule c’est notre signature. Il nous fallait la plus belle des formules, la plus pure, sans allergènes, sans perturbateurs endocriniens, sans parfum, sans conservateurs, sans micro plastiques (que l’on trouve dans tous les rouges à lèvres de luxe) … Le rouge à lèvres c’est tout de même le seul produit de maquillage que l’on mange … il se met sur les lèvres donc il devrait être comestible vous ne croyez pas ? « So pure you can eat it » c’est notre devise. Le marketing c’est bien mais moi j’investis avant tout sur la recherche.
Attention, on ne fait pas de l’écoresponsable pour faire de l’écoresponsable. Il faut créer du désir aussi. C’est aussi là qu’est notre challenge.
Aujourd’hui quand tu présentes La Bouche Rouge c’est d’abord le luxe ou l’écoresponsabilité qui est au cœur du discours ?
Déjà, je parle de la Bouche Rouge comme une maison et non comme une marque. Une maison a un savoir-faire propre or il n’y a jamais eu jusqu’ici de maison de maquillage. Nous sommes la première au monde, j’aime l’idée de dire que c’est une maison Française qui invente la beauté de demain riche de tout le patrimoine culturel de la France. J’ai voulu utiliser ce patrimoine, travailler avec des artisans. C’est aussi ça qui fait le chic et le charme du luxe Français et je pense que c’est comme ça qu’on établit une marque et une maison sur le long terme : en étant fier de ses racines.
L’identité Française de la marque est donc claire et importante ?
Oui. C’est la première maison de maquillage Française.
La suite c’est quoi ? Le développement d’autres objets ?
Oui. On a d’autres projets, d’autres objets en tête. La Bouche Rouge c’est une déclaration pour une nouvelle beauté donc oui il y aura d’autres lancements. Avec pour objectif de créer la surprise à chaque lancement. Mais je me donne l’exigence de prendre mon temps. On a cette chance de marcher, on a cette chance d’être accueillis dans différents pays à travers le monde et donc cela nous permet de prendre le temps sur la recherche.
On annonce aussi tout juste l’utilisation d’une nouvelle cire dans notre formule. On s’est rendu compte qu’il était dure de bien tracer la cire d’origine naturelle. On ne peut pas empêcher une abeille d’aller butiner des fleurs avec des pesticides donc cire naturelle ne veut pas forcément dire absence de toxines. On a donc décidé de transformer notre formule en utilisant une cire de synthèse. Alors oui ce n’est pas naturel mais c’est 100% traçable et la nature ça se respecte, ce n’est pas inépuisable et donc on ne peut pas toujours s’appuyer sur la nature pour fournir tout ce dont on a besoin.
On annonce aussi tout juste l’utilisation d’une nouvelle cire dans notre formule. On s’est rendu compte qu’il était dure de bien tracer la cire d’origine naturelle. On ne peut pas empêcher une abeille d’aller butiner des fleurs avec des pesticides donc cire naturelle ne veut pas forcément dire absence de toxines. On a donc décidé de transformer notre formule en utilisant une cire de synthèse. Alors oui ce n’est pas naturel mais c’est 100% traçable et la nature ça se respecte, ce n’est pas inépuisable et donc on ne peut pas toujours s’appuyer sur la nature pour fournir tout ce dont on a besoin.
Tu dis que vous avez la chance de marcher. Qu’est-ce qui a fait que très rapidement après le lancement vous avez fonctionné ?
Ezra Petronio qui est le directeur de création de la maison a été très précieux parce qu’il nous a ouvert un réseau. On a bénéficié d’un effet boule de neige.
Je pense aussi que les gens avaient envie de parler d’une maison qui avait du sens. Il y avait une overdose de lancements beauté. En quelque sorte nous avons rapporté un peu de magie.
Pour finir, ouvrir une maison pour vendre vos produits dans votre propre maison plutôt qu’en department stores c’est quelque chose que tu envisages ?
Oui bien sûr, on y réfléchit. Mais chaque chose en son temps. Aujourd’hui on a la chance d’être approchés par de magnifiques endroits donc rien ne presse.
Ezra Petronio qui est le directeur de création de la maison a été très précieux parce qu’il nous a ouvert un réseau. On a bénéficié d’un effet boule de neige.
Je pense aussi que les gens avaient envie de parler d’une maison qui avait du sens. Il y avait une overdose de lancements beauté. En quelque sorte nous avons rapporté un peu de magie.
Pour finir, ouvrir une maison pour vendre vos produits dans votre propre maison plutôt qu’en department stores c’est quelque chose que tu envisages ?
Oui bien sûr, on y réfléchit. Mais chaque chose en son temps. Aujourd’hui on a la chance d’être approchés par de magnifiques endroits donc rien ne presse.